Le 'Brexit' de l'Afrique de l'Ouest : comprendre la crise CEDEAO
7 min Read February 18, 2024 at 11:46 AM UTC
Un séisme politique a frappé l’Afrique de l’Ouest le mois dernier, alors que trois nations dirigées par des juntas militaires annonçaient leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le bloc régional.
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont accusé la CEDEAO de ne pas les avoir soutenus contre la violence djihadiste et l’influence étrangère excessive, avant de quitter l’organisation fin janvier.
Le départ abrupt a suscité des comparaisons avec le “Brexit” (le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne), marquant une rupture historique après des décennies de construction de liens économiques et politiques entre les 15 États membres.
Alors que les répliques se font sentir dans toute la région, voici tout ce que vous devez savoir sur cette crise et ses implications profondes pour le commerce, la sécurité et la vie de millions de personnes en Afrique de l’Ouest.
Qu’est-ce que la CEDEAO ?
Fondée en 1975, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comprend 15 nations de la région.
La CEDEAO vise à promouvoir la coopération régionale et le commerce, facilitant les déplacements sans visa pour améliorer les conditions de vie de sa population et assurer la stabilité économique.
Elle joue également un rôle crucial dans les efforts de maintien de la paix dans une partie volatile du continent et est un allié sécuritaire important pour l’Occident, y compris les États-Unis.
La présidence du bloc est tournante parmi ses États membres, le Nigeria, la puissance économique de la région, étant actuellement en charge.
Pourquoi le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont-ils quitté la CEDEAO ?
Ces dernières années, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont été submergés par des insurrections djihadistes et une instabilité politique, subissant plusieurs coups d’État.
Le Mali a connu deux coups, un en 2020 et un autre en 2021. Le Burkina Faso a fait face à deux coups en moins d’un an en 2022. Enfin, le Niger a connu un coup d’État l’été dernier.
La CEDEAO a réagi en suspendant les pays et en imposant des sanctions sévères. Cela a entraîné un ressentiment croissant et un défi de la part des juntas militaires qui dirigent désormais ces nations.
Ils accusent la CEDEAO de ne pas avoir fourni de soutien contre le terrorisme et d’être influencée par des “puissances étrangères” comme la France.
Le 28 janvier 2024, les trois pays ont annoncé conjointement leur retrait immédiat du bloc, critiquant les sanctions “illégales”.
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Comment la région a-t-elle réagi à cette décision ?
La CEDEAO a exprimé sa tristesse face à cette décision. Le Nigeria, actuel président de la CEDEAO, a déclaré que les dirigeants de junte “non élus” déçoivent leur peuple mais restent ouverts au dialogue.
Les analystes avertissent que les sanctions ont eu un effet contre-productif, alimentant le sentiment anti-français et resserrant les liens avec la Russie.
La menace d’une intervention militaire contre le Niger a mobilisé les citoyens pour soutenir le coup d’État.
Cette position ferme a sapé la crédibilité de la CEDEAO, mais souligne également l’instabilité alors que les armées prennent le pouvoir dans toute la région.
Quels seront les impacts du départ de la CEDEAO sur les pays ?
La décision pourrait nuire gravement aux nations pauvres et enclavées du Sahel qui dépendent fortement du commerce transfrontalier.
Le Niger partage 1 500 km de frontière avec le Nigeria et 80 % de son commerce se fait avec son voisin plus riche.
La fermeture de la frontière par le Nigeria à la suite du coup d’État militaire qui a renversé le président Mohammed Bazoum met en péril des échanges d’une valeur d’environ 226 millions de dollars et des vies, selon plusieurs rapports.
Pour tous les pays dirigés par des juntas, perdre l’accès au marché de la CEDEAO, évalué à 702 milliards de dollars, pourrait entraîner des pénuries, des hausses de prix, des tarifs douaniers accrus et des restrictions financières.
À mesure que les citoyens seront confrontés à plus de difficultés économiques, la pression pourrait s’accentuer sur les régimes de junte fragiles luttant pour contenir la violence.
Comment le “moment Brexit” affectera-t-il la région ?
Les experts ont comparé la séparation imminente au Brexit, avertissant qu’elle pourrait prendre des années à être mise en œuvre mais qu’elle déferlerait des décennies d’intégration.
Les flux commerciaux et de services de la région, d’une valeur de près de 150 milliards de dollars par an, seront perturbés.
Cela soulève également des incertitudes autour des importantes populations de la diaspora du Burkina Faso, du Mali et du Niger vivant dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Par exemple, la Côte d’Ivoire accueille plus de 5 millions de migrants de ces nations.
Dans le pire des cas, l’effondrement du bloc pourrait déclencher un exode massif.
La CEDEAO a été critiquée pour avoir rapidement sanctionné les juntas militaires après des années d’inaction contre les dirigeants civils qui ont prolongé leur règne grâce à des élections ou référendums douteux dans des pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée.
Cette double norme a réduit la crédibilité de la CEDEAO. De plus, bien que la CEDEAO ait menacé d’intervenir militairement, son incapacité à concrétiser ces menaces a encore affaibli sa position.
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Depuis longtemps, les experts en sécurité exhortent les pays régionaux à renforcer la coopération et le partage du renseignement pour faire face aux insurrections alimentées par la pauvreté, la négligence, les abus et l’idéologie.
Cependant, la crise actuelle au sein de la CEDEAO met en évidence le fossé cro
issant entre les gouvernements démocratiquement élus alliés à l’Occident et les États dirigés par des militaires de plus en plus dépendants de la Russie et de la Chine pour leur soutien.
Cette scission entrave une réponse régionale coordonnée à l’insécurité croissante et aux insurrections.
À l’avenir, la CEDEAO doit combler ce fossé et renforcer la collaboration entre ses États membres pour relever les défis communs.
Comment les investisseurs peuvent-ils commercer avec le Brexit de l’Afrique de l’Ouest ?
En tant qu’investisseur cherchant à négocier le Brexit de l’Afrique de l’Ouest via la BRVM, plusieurs stratégies peuvent être adoptées.
Une façon est d’analyser la performance boursière des entreprises cotées à la BRVM qui ont une exposition significative au Niger, au Burkina Faso et au Mali (telles que la Banque de l’Afrique et Onatel), en particulier celles opérant dans des secteurs susceptibles d’être affectés par les changements géopolitiques, tels que l’agriculture, l’exploitation minière et les infrastructures.
Les investisseurs peuvent également surveiller les fluctuations des devises, car le retrait de la CEDEAO pourrait avoir un impact sur les taux de change et influencer par conséquent les prix des actions.
De plus, rester informé des développements politiques et des changements de politique dans la région est crucial pour prendre des décisions d’investissement éclairées.
Enfin, les investisseurs peuvent diversifier leurs portefeuilles en envisageant des actifs autres que les actions, tels que des obligations ou des fonds négociés en bourse (ETF), qui peuvent offrir des opportunités alternatives pour tirer parti des mouvements de marché résultant du Brexit de l’Afrique de l’Ouest.
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